Biographie

Né en 1961 à Ingwiller, Alsace/France.

Étudie l'accordéon dès l'âge de 4 ans, d'abord avec sa mère, Christiane, qui dirige le petit orchestre de variétés qui porte son nom, puis à 9 ans dans l'école de musique de Gaston Jung.

Il joue alors dans l'orchestre de ses parents et y découvre pour la première fois un instrument électronique, l'Elektronium, qui le fascine par ses possibilités sonores.

Il participe ensuite aux concerts de l'orchestre d'accordéon de Gaston Jung et y joue également en soliste. Il y découvre des musiques populaires de divers pays (notamment italiennes, espagnoles, russes et sud-américaines), des chansons de variété, mais aussi des compositeurs comme Brahms et Verdi qu'il apprécie particulièrement.

A 12 ans, il obtient une médaille d'or d'accordéon au concours de musique de Saverne, puis décide d'apprendre le piano.

C'est à la même époque qu'il commence à composer de petites pièces pour accordéon et piano.

Il étudie alors pendant deux ans le piano avec Doris Mugler, qui en plus des musiques classiques et romantiques lui fait découvrir Bartok, Prokofiev et Debussy. Elle lui fait écouter de nombreux disques de divers pianistes et l'emmène parfois voir des concerts à Strasbourg.

En 1976, à l'âge de 15 ans, il entre au Conservatoire de Strasbourg, étudie le piano, d'abord avec Paul Blumenroeder, puis avec Gérard Frémy. Il se produit en public en temps que pianiste à partir de 1980. A la fin de ses études de piano, il obtient une première Médaille de piano en 1982, puis un premier Accessit en 1983.

Pendant cette période, il continue à composer des pièces pour piano, et en 1978, commence aussi à expérimenter avec des enregistrements, avec plusieurs magnétophones. Grâce à un gradateur de lumière qu’il a construit avec un kit électronique, il fait varier la vitesse d’un magnétophone, ce qui lui permet de modifier les sons qu’il a enregistré. Gérard Frémy est intéressé par ces recherches et l’encourage à découvrir la musique électroacoustique.

Grâce à Gérard Frémy, il découvre également différents styles de musique contemporaine qui vont également influencer ses compositions, notamment John Cage, Luciano Berio et Steve Reich. Il participe également aux stages des compositeurs Maurizio Kagel et Henri Pousseur.

Il participe à partir de 1980 à l'"Atelier Musical Contemporain d'Alsace" dirigé par Gérard Frémy, avec des concerts en France, Italie et Portugal puis au "Groupe d'Etude et Réalisation Musicales" dirigé par Pierre Mariétan, avec des concerts en France et en Suisse.

En 1982, Gérard Frémy lui propose de jouer avec lui à 4 mains et à deux pianos, aussi bien de la musique classique que contemporaine, ce qui aboutit à de nombreux concerts en France, Allemagne et Italie. Parmi leur répertoire figurent aussi des pièces pour deux pianos préparés de John Cage. A cette occasion, il a le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises le compositeur John Cage, à travailler avec lui et à bénéficier de ses conseils.

Etant intéressé par les sons électroniques, il fait un stage avec la compositrice Eliane Radigue sur le synthétiseur ARP 2500, ce qui lui permet aussi de s'ntéresser à des styles de musique minimaliste et évolutive. Par la suite, Pierre Mariétan lui permet de réaliser sa première composition électronique "Extrapolations", pour piano et bande, dans le studio de Pontoise, près de Paris.

C'est à l'occasion d'un concert avec le GERM en Suisse qu'il découvre la musique par ordinateur et participe au stage organisé par le compositeur Giuseppe Englert sur le Synclavier I (à la fois un mini-ordinateur et un synthétiseur numérique basé sur la modulation de fréquence). Après avoir appris le langage de programmation XPL, il réalise sa première pièce de musique par ordinateur, "Quatuor", qui est essentiellement basée sur des algorithmes.

A la même époque, il compose des pièces pour piano et petits ensembles, basés en partie sur des processus aléatoires.

Il commence également à donner des cours de piano dans diverses écoles de musique.

En 1983, il entre au Conservatoire Supérieur de Paris, où il étudie la musique électroacoustique dans la classe de Guy Reibel. Mais la manière de travailler, inspirée par la philosophie du Groupe de Recherches Musicales de Paris ne l'intéresse pas. Il y réalise néanmoins une pièce électroacoustique : "Instants", avec la voix de la chanteuse Emmanuelle Drouet.

En 1984, après avoir assisté à un concert de Mesias Maiguashca, il décide d'entrer dans sa classe au Conservatoire de Metz. En plus des enregistrements sur bande, on y utilise des synthétiseurs numériques FM programmables et contrôlables par ordinateur grâce au protocole MIDI. Il étudie également d'autres langages informatiques avec François Pinot : Pascal et Assembleur 6502.

En 1985 , il compose "Variations Electriques" en collaboration avec les sculpteurs France et Hughes Siptrott, qui va accompagner leur exposition d'une semaine dans une galerie d'art à Strasbourg. Cette pièce est à la fois basée sur des boucles transformées par modulation en anneau mélangées avec des textures de modulation de fréquence, et les durées sont déterminées par des processus aléatoires.

Mesias Maiguashca lui propose aussi de faire un projet en commun, une installation à la fois vidéo et musicale, basée sur les images fractales de Benoit Mandelbrot calculées sur l'ordinateur Apple II. Il s'occupe alors de la programmation informatique et du calcul des images, tandis que Mesias se concentre sur la composition musicale. Cela aboutira à la pièce "Barcarola Bitistica" qui sera jouée lors de plusieurs concerts en Allemagne et aux Pays-Bas.

En 1986, il se rend à l'IRCAM à Paris avec Mesias Maiguashca, pour apprendre à travailler avec les ordinateurs Macintosh. à l'aide du langage de programmation Lisp. A cette occasion, ils rencontrent Frank Balde qui les invitent à faire une résidence de travail à STEIM à Amsterdam. Il a le plaisir de rencontrer le compositeur Joel Ryan qui l’aide dans les aspects les plus complexes de son travail. Cela aboutit au projet multimédia Mandelbox, également basé sur les fractales de Mandelbrot, en language Forth sur des ordinateurs Atari ST 1040.

En 1987, il compose deux pièces basées également sur les fractales, mais en utilisant d'autres méthodes pour transformer les calculs du son, Il compose aussi une pièce pour piano et synthétiseur "Symétriades" dont la particularité est que toutes les durées sont calculées avec le nombre d’or.

Il poursuit en même temps la programmation de Mandelbox qui, à cause de la lenteur des ordinateurs de l'époque, nécessite d'écrire des routines en Assembleur 68000.

En 1988, Mandelbox est prêt et sera diffusé au festival de Donaueschingen.

Il compose "Voyage à travers un monde sonore", qui accompagnera une autre exposition de France et Hughes Siptrott à l’AMC de Mulhouse, et qui est composé d’une bande de 48 minutes et de séquences déclenchées par des cellules photoélectriques lorsque les spectateurs s'approchent des sculptures.

En 1989, Gérard Frémy, qui est aussi compositeur, lui demande de lui écrire des programmes informatiques permettant de composer des musiques électroniques minimalistes d’après des méthodes de composition qui lui sont propre. Cela aboutit à plusieurs œuvres dont la plus importante est "Easyroad", qui sera présentée lors du festival de musique contemporaine de Marseille en 1990.

En 1990, il compose "Silence", une pièce de musique répétitive pour piano à 5 voix (pouvant être joué par 1 à 5 pianistes), avec des textes de "Walden" de Henry David Thoreau décrivant les sons de la nature.

En 1991, Mesias Maiguashca, qui entre-temps est devenu professeur à la Musikhochschule de Freiburg, lui propose d’écrire un logiciel pour sa classe de composition. Ce logiciel, qui contrôle des synthétiseurs midi, nommé "MidiMica" permet à la fois d’écrire avec précision des partitions avec des rythmes complexes et de créer également des musiques algorithmiques. Il y travaille pendant deux ans, la première année pour écrire le logiciel, la deuxième pour l’enseigner à ses étudiants.

Après l’acquisition d’un échantillonneur Ensoniq, qui permet de travailler avec des fichiers sonores, il écrit le programme "Synthèse", qui utilise à la fois la synthèse additive et la création de formes d’onde à partir de calculs de fractales, et le programme "Phases", qui permet de créer un time-stretching extrême basé sur les wavesets de Trevor Wishart.

En 1992, il développe "Hör-Information", pour la Musikhochschule de Freiburg. Il s’agit d’un ensemble de logiciels acoustiques et psychoacoustiques qui permettent au public d’expérimenter comment nous percevons différents paramètres du son, y compris des illusions acoustiques. Quatre de ses compositions qui font partie de l’exposition illustrent de façon artistiques certaines caractéristiques du son.

Il commence également à développer pour Gérard Frémy un nouveau logiciel, "Harfang", qui est à la fois un instrument à improviser et un séquenceur où les notes, durées et nuances sont indépendantes, et où il est possible de changer de séquences à la volée par le simple appui d’une touche. Il l’aide aussi à choisir et créer ses propres timbres.

En 1993, il travaille au Studio de Musique Expérimentale de la Sudwestfunk à Freiburg, pour développer sous forme d’extensions en langage C pour le programme Max pour Macintosh, un logiciel de contrôle de tables de mixages automatisées et d’appareils pour la spatialisation du son. Il doit tout d’abord créer pour cela une interface graphique spécialisée qu’il appelle "Window Objects". Ce logiciel, "Matrix Mixer", sera utilisé dans de nombreux concerts et festivals dans toute l’Europe. Il y travaillera jusqu’en 1997.

Parallèlement, il crée une école de musique privée, "Mica Music ", avec 5 autres musiciens. Celle-ci a un certain nombre de particularités : il n’y a pas de cours de solfège, les élèves choisissent librement leurs morceaux et dans divers styles, il y a des concerts publics où les élèves présentent également leurs propres compositions, et l’organisation de l’école est démocratique, c’est à dire que les élèves ont les même droits que les professeurs et que les décisions se font par vote. Cette école existera aussi jusqu’en 1997.

Il continue de développer le logiciel Harfang pour Gérard Frémy, en y rajoutant également une interface graphique, mais en 2001, quand celui-ci achète un nouvel ordinateur Mac, il constate que le système a changé, c’est à présent Mac OS X, un clone du NeXT qui est utilisé à la place de Mac OS. Par conséquent, les programmes ne sont plus compatibles, et il faut tout réécrire. Il écrit alors jusqu’en 2006 une nouvelle version avec l’interface Carbon, système relativement proche de l’ancien, tout en y ajoutant d’autres fonctionnalités. Il transcrit également le programme "MidiMica" pour les ordinateurs Macintosh, grâce à la bibliothèque pForth de Phil Burk.

En 2003, il commence à écrire sa propre méthode de piano. Il créé pour les élèves qui ne savent pas encore lire des partitions, un système de notation simplifié, inspiré par celui de Jean-Jacques Rousseau (sauf que les nombres sont remplacés par des noms de notes), et il utilise une manière originale mais simple d’écrire les rythmes et les accords. Cela permet à des enfants qui débutent le piano de jouer assez rapidement des morceaux qui seraient beaucoup trop difficiles autrement. Il écrit un certain nombre d’arrangements simples de morceaux de divers styles, mais en respectant scrupuleusement le rythme et la mélodie.

Il propose aussi d’analyser dès le début les morceaux qu’on est en train d’étudier, inclut beaucoup de documents qui expliquent de manière simple des éléments théoriques essentiels et propose de jouer d’abord séparément les différents éléments que comporte une pièce (mélodie, basse, accords ou arpèges). Il insiste également qu’une mélodie soit toujours jouée avec une seule main, et enseigne également à part différents types de doigtés. Il propose aussi d’écouter différentes versions d’une pièce avant de l’apprendre, éventuellement en lisant la partition en même temps. Cette méthode sera progressivement complétée les années suivantes.

En 2007, il compose "Bleu Ciel ", pour 3 flûtes et piano, une commande du flûtiste Christophe Benoist du groupe de flûtes "Bilitis", une musique minimaliste utilisant des processus similaires à ceux du programme Harfang.

En apprenant qu’Apple va abandonner Carbon, il décide de trouver une autre solution, cette fois-ci multi-plateforme, c’est à dire que les programmes pourront s’exécuter à la fois sur Mac et Windows, et même éventuellement Linux. Il apprend alors le langage C++, et utilise l’interface graphique GLUI, basée sur OpenGL. Il y intègre le programme Harfang qui désormais va pouvoir fonctionner à la fois sur Mac et sur Windows.

Comme GLUI est trop lent et utilise trop de resources, il décide en 2008 d’utiliser la plateforme de "creative coding" openFrameworks. Il crée alors une nouvelle interface graphique beaucoup plus complète pour le programme Harfang et y intègre la possibilité de jouer des échantillons sonores. Harfang va alors être un logiciel audio en plus d’un logiciel midi.

De plus en plus passionné par la spatialisation du son, il crée un autre logiciel avec openFrameworks : "Landscape".qui permet de déplacer le son dans l’espace grâce à 4 haut-parleurs situés dans les 4 coins de la salle et qui peut également synchroniser des boucles audio enregistrées préalablement.

C’est avec ce logiciel qu’il compose en 2011 la musique du spectacle "Théâtre et Musique" réalisée en collaboration avec la compagnie de théâtre "Jamaux-Jacquot".

En 2011, il réalise également avec openFrameworks le logiciel "9 Movies", permettant de créer une vidéo à partir de 9 vidéos différentes synchronisées.

Ce logiciel sera utilisé pour diffuser une version originale de la pièce "New York Conterpoint" de Steve Reich. Les différentes pistes sont jouées par le clarinettiste Adam Starkie, à la fois en direct et enregistrées, mais contrairement à la version originale de la pièce, les enregistrements sont également réalisés en vidéo (filmés par Svetlana Abracheva, qui alterne aussi de temps en temps les images du film avec d’autres images de New York).

En 2012, il collabore avec l’écrivaine Anne Munch à une lecture concert, où il improvise au piano, tandis qu’elle lit des extraits de son livre "Seule dans la nuit de l’autre". Le type d’improvisation est très libre et intuitif, et la seule "partition" utilisée est le texte . Cette nouvelle manière de travailler basé sur l’écoute va beaucoup influencer ses compositions ultérieures.

Il continue à développer le travail de spatialisation sonore, et l’intègre à Harfang. Peu à peu, le programme devient un véritable instrument de musique basé sur des échantillons, pouvant être joué avec plusieurs claviers midi branchés dessus, avec une particularité importante : les enveloppes, la spatialisation et différents traitements en temps réel peuvent être effectués de façon indépendante pour chaque note.

En 2015, il utilisera le même logiciel pour un autre concert-lecture avec Anne Munch, "43 mon amour". Un clavier numérique est posé sur le piano, ce qui permet de jouer les deux instruments en même temps. Des bruitages et effets sonores soulignent les différentes ambiances.

Entre 2016 et 2017, il réalise "Paysages imaginaires", une composition à mi-chemin entre une œuvre musicale traditionnelle et un paysage sonore, pour l’instrument Harfang contrôlé par 3 claviers électroniques, piano, accordéon et percussions. Pour les échantillons sonores sont utilisés des sons instrumentaux, des sons de la nature et des objets sonores. Les transformations en temps réel sont la modulation en anneau, le frequency shifting, différents types de filtrages, et la spatialisation, avec différents types de trajectoires. Le son des autres instruments, connectés grâce à des micros, sont également transformés en temps réel.

Comme la programmation informatique du projet devient de plus en plus complexe, il se rend compte que le fait d’écrire tout directement en C++ devient trop fastidieux. C’est pourquoi il décide de réécrire son logiciel dans un langage spécialisé pour la composition musicale et la synthèse sonore : SuperCollider. Cela demandera plusieurs mois de travail, mais le résultat sera largement supérieur, et l’outil de travail bien plus flexible.

En 2017, Mesias Maiguashca lui propose de retravailler avec lui, et il va utiliser SuperCollider pour cela.

Il crée pour lui un certain nombre d’utilitaires pour sa composition, entre autres :
- "General Amplitude Modulation", qui permet de superposer plusieurs suiveurs d’enveloppes.
- "Vocoder Unit", qui diffuse des sons à travers une banque de filtres dont les fréquences sont déterminées par le compositeur.
- "Spectrum to Notes", qui affiche sous forme de notes des analyses spectrales à l’aide de LilyPond.

Le résultat sera "Poema 21", et "Ele" deux pièces de Mesias Maiguashca pour guitare électrique transformées électroniquement et spatialisées.

En 2019, il crée d’autres outils de composition pour Mesias Maiguashca, mais cette fois-ci avec le langage Csound. En effet, Csound possède des outils pour la manipulation dans le domaine des fréquences (FFT/IFFT) de très grande qualité, notamment le vocodeur de phase.

Il crée l’utilitaire "Harmonizer ", un outil de pitch shifting et de timestretching, avec la possibilité de conservation des formants. Il réalise aussi avec "DiskGrain", un outil similaire, mais utilisant la synthèse granulaire, ce qui permet de transformer le son de façon particulièrement créative.

Entre 2021 et 2023, il perfectionne Harfang en y ajoutant différents types de reverb et délais avec feedback, et en simplifiant considérablement la création d’instruments échantillonnés.

Il continue également de développer sa méthode de piano, en ajoutant de nombreux conseils comment travailler de manière très systématique, et comment aborder des difficultés en plusieurs étapes. Il met un certain nombre de documents en ligne permettant aux élèves de les consulter chez eux. Enfin, il propose d’utiliser dès le début des gestes complexes, d’habitude uniquement réservés aux pianistes les plus avancés, en les expliquant avec un langage très simple. Cela permet d’acquérir de façon beaucoup plus rapide une technique de jeu aisée, rapide et personnalisée.

En 2023, il crée "Le rêve d’un piano", une pièce basée sur la transformation des sons du piano en direct, avec l’utilisation de plusieurs types de délais superposés et spatialisés et leur combinaison avec des sons de la nature.